dimanche 30 novembre 2014

Fred Pallem & le sacre du tympan 2008



Une ouverture comme une bande-son infernale bourrée de rencontres, celle de ma nuit-concept rebondissante, une super grande production de gros casting pour mes oreilles excitées, orchestre, ensemble, Fred Pallem est là, une soirée à rallonge proposée par Pascal, une véritable collection de partage musical.
Et déjà Piers Facini vient me prendre à la gorge, de bon matin. « Sharpening bone » idéal pour arpenter les rues trafiquées de Paname qui garde encore sa fierté lumineuse, juste coincé entre ma nuit et le boulot. Ma nuit, je ne vais pas en parler, juste essayer de restituer la bande son des tronches de titane, le boulot non plus, des bronches de méthane subliminales à toussoter pour un rien.

 
 

Je suis un adepte de la pause, celle-ci est d'une puissance sans barrière, celle qui m'a empêchée d'écouter du jazz pendant des décennies. Basse, solo, vocal, clavier, blues de jazz trempé et je grille ma clope plus tôt que prévu. Il faut dire que le quartier est plus beau ce matin, l’itinéraire est quasiment tracé, le trajet sans question, sinon j'aurais pris la ruelle à gauche, puis la voie sans issue, ou le parc un quartier plus loin. Ne pas douter, juste les oreilles et le trajets qui s'embellit.

Les chansons défilent et le café crème du matin prend des allures d'extrême douceur, moi qui n'aime que le robuste amer, mais va quand même falloir passer la vitesse supérieure, poussé par les klaxons cuivrés de l'orchestre, je me pousse pour aller ouste et filer à mes trousses. C'est un brûlot, une pincée de gingembre dans cette tasse de pétrole crémeux.

 
Je suis un convalescent de jazz, un récidiviste en latence. Mon cerveau a été brûlé très jeune par cette musique paternelle, tout comme le classique maternel.. depuis je lutte sur cette fuite, à accrocher les wagons, ces océans et ces pays de retard.....
…. et je passe direct au fin fond d'une nuit bronze d'onomatopées scintillantes et clinquantes (André Minvielle). La journée passe très vite, je ne me souviens plus des heures coulées, juste l'emprunte du blues matinal qui s'est étendu...et déjà le jour se lève sous les trompettes à la Baker, juste avant de balancer au flan de ma fatigue le piano et la gorge de Kanche.

Ce disque est fou, à quel soir du matin je suis ?

Combien de fois Marcel Kanche m'a pénétré ? Je ne pensais pas le rencontrer ici, à cette heure, dans cette ruelle, même si mon naufrage aurait pu me souffler quelques indices. C'est une heure où l'on cherche l'ombre des âmes et où l'on croise le retour des troupes d'un cirque cabaret country avec dans la bande Sanseverino, celui que l'on a vu quelques heures plus tôt survoler les « zob..jets ». Pas prêt de bailler aux corneilles.
Je me souviens avoir rencontré Tarantino dans le « compartiment tueur » du métro qui m'a mené jusqu'ici, vers cette nuit qui n'en finit pas d'être insomniaque, en pleine journée multicolore. Sébastien Tellier et Matthieu Chédid étaient bien déglingués aussi, sont un peu cinglés les mecs, ça grouille, et tangue sévère sur ce melting pot culturel, dans sa plus belle cohérence.

 
 
Heureusement Julien Loureau est venu me présenter une amie artiste à lui, une femme superbe, anachronique scintillante sous ses sapes bleues outremer seventies, elle me susurrait « Grover corner » dans le cou, style Burgalat, et j'avalais ma salive comme on regarde un « Picasso blue »..Mais, alors qu'Alice Lewis chantait sur scène, j'ai perdu de vue la fille bleuté, comme le reste de ma nuit. OSS 117 a du venir me la chiper...je vois pas autre explication.

Je suis rentré anéanti, vidé, et j'ai remis au casque ce blues cuivré incandescent « Shapering bone » qui m'a suivi toute la sainte journée, et jusqu'au soir suivant du matin d'avant. Cette chanson, c'est mon lien, mon point d'attache, la boucle est bouclée, et j'ai repris un robusta serré sous cette lumière du soir, ou du matin, je sais plus..j'en sais rien. Je me rappelle d'un bruit qui résonne, et du timbre de Kanche sous la trompette, comme un écho, une incitation, une incubation.

Ah si, j'ai aussi croisé Pascal qui m'a présenté Fred Pallem qui a fait de ma nuit a été une véritable comédie musicale euphorique.

D'ailleurs Pax m'a raconté une tonne de truc sur ce compositeur, arrangeur, chef d'orchestre de big band... c'est ici, c'est une chronique simultanée.




Fred Pallem & le sacre du tympan 2008 « La grande ouverture »
label : atmosphériques

 


samedi 29 novembre 2014

William Sheller 94



On reproche souvent aux artistes de ressasser, de toujours rester cloîtrer dans leur caisse, de les voir là où on les attends. Et pourtant, il suffit qu'ils aillent voir ailleurs pour qu'on leurs reproche l'inverse.

J'aime William Sheller et sa discographie « habituelle », lorsqu'il tire la musique vers le haut en incorporant du classique dans sa pop. Et j'ai été fracassé par son opus 94 « Albion ».

Cette année là, je me suis rendu à l'Olympia pour voir la performance de cet ovni psychédélique rock. J'ai retrouvé sur scène une formation classique, sans les barges d'Albion. Et même, seule « La navale » fut reprise. J'ai alors déduit que cet album studio était un écart, une parenthèse, une récréation. C'est un phénomène que j'aurais bien voulu vivre en live, tellement le disque m'avait plongé dans des écoutes compulsives.

« Albion », c'est un disque rock anglais, enregistré en Angleterre, avec Steve Boltz à la guitare entre autre, et la guitare ici est ravageuse, l'ensemble acidulé et grunge. Des chef d'œuvre flottent comme ça, « On vit tous la même histoire » (basse et solo guitare infernal), « Les enfants sauvages », « Maintenant tout le temps », « Comme on n'oublie pas »... et « La navale ». C'est du Sheller dans l'écriture, comme dans un vieux rock'n'roll, mais avec une autre palette, une batterie lourde, du puissant et du brut, du saturé frôlant le hard, avec en bonus des expérimentations proches des délires Beatles N°9 ou strawberry les plus acides (« Ridefarm en Albion », ou « Relâche »).

Je voulais voir les enfants sauvages sur scène, ce disque restera une expérience unique, je voulais voir Sheller déranger, bousculer, j'ai vu un sublime concert à l'Olympia et je me garde « Albion » comme un délire surréaliste que j'ai vécu un jour comme ça, sur une autre planète, une boule électron libre où les artistes auraient plein pouvoir.

Évidemment, cet album n'est pas dans les nues des ventes, est-ce le prix de l'expérimentation, de la prise de risque ? Et j'imagine les grimaces à l'écoute de cette brûlure hexagonale sorti juste après le grand succès de Sheller e solitaire.
« Albion » n'a jamais été joué sur scène, et j'avais déjà imaginé quelques versions albionesque de quelques standards de Sheller qui auraient pu se jouer ce soir là, à l'Olympia en octobre 94.... « Excalibur » sur scène, celle de l' « Ailleurs », ravagé par un Sheller déchainé et gothique.

C'est un album vaincu, c'est un chef d'œuvre unique dans une discographie d'un de nos plus grand génies musicaux.
Brandir « Albion », c'est hurler en sourdine, c'est serrer le poing en le gardant au fond de sa poche. Il a 20 ans, et je l'écoute avec toujours la même jouissance.

William Sheller 1994 « Albion » label : philips





jeudi 27 novembre 2014

Keaton Henson



Il neige des pétales de carotène. Une forêt entière est dans mon huit clos, c’est lent et doux, une beauté sans âge, caressant et je me laisse recouvrir sur « Healah dancing ».


La mélancolie en brumisateur approche ses plus belles hauteurs, il fait noir, brumeux, tout est humide et je laisse mes pensées s’atomiser.

Keaton Henson 2014 « Romantic works » label : oak ten records





mardi 25 novembre 2014

Hubert Félix Thiéfaine 2014



Paul Celan a dit « ..infime caillou philosophal, en remontant le fleuve, les signes interprétés à mort, à néant... »



Charles Trenet « Bonheur fané, cheveux au vent, baisers volés, rêves mouvants »

Pétrarque « Celui qui peut dire comment il brûle, ne brûle que d'un feu médiocre »




Jean-Paul Sartre a dit « Tout anti-communiste est un chien ! »

Léon-Paul Fargue « J'ai été l'enfant qui tombe, et qui se fait très mal, et qu'on relève avec une gifle »

Marcel Proust « L'amour devient immense, nous ne songeons pas combien la femme réelle y tient peu de place »


 

Lucrèce a dit « O race infortunée des hommes... »

Louis-Ferdinand Céline « Alors je vous prie! Ma statue! Mon square! Mes esplanades! Ma ville! Célinegrad! Célinegrad au fait! »

Federico Garcia Lorca « ..parce que je ne suis ni un homme, ni un poète ni une feuille, mais une pulsation blessée qui sonde les choses de l'autre côté.. »

 


Hubert Félix Thiefaine a dit « Le fou a chanté XVII fois, les yeux croisés sur son perchoir, une vérité au bout des doigts, une lampe entre les mâchoires.. » 1969.



Aujourd'hui, il dit « La stratégie de l'inespoir »... son 17ème album.


Hubert Félix Thiéfaine 2014 « Stratégie de l'inespoir » label : sony


dimanche 23 novembre 2014

Richard Skelton 2012



Le son et la biologie comme le souffle et la vie, et les matériaux chantent dès qu'on les effleure. Débarquer ou atterrir, se poser quelque part comme un alunissage.
Avancer vers le nord sans savoir où s'arrêtera l'épaisseur du gris. Le son est un albédo des terres gorgées de froid, des sols ondulés vers l'horizon tendu, et la brume emporte tout, comme un pollen musical dont les notes vont fleurir d'autres landes arides. C'est à perte de vue, c'est une vie qui drone la végétation circumpolaire, entêtante, cyclique comme les vents et les saisons.
La genèse rabâche et revient, sans cesse, le temps s'allonge dans les ages, la boucle s'étend. La révolution est une gamme répétitive et « Scare tissue » une minute de lumière qui change et resplendit, une onde éphémère.

 
Le dessin est flou, la note juste et dilatée, le cycle parfait, Richard Skelton a composé cette nature là sur plusieurs années. Un échantillonnage avait été proposé chez Type records en 2009, une bande annonce pour ce voyage sonore vers le nord de l'Angleterre. L'œuvre totale, c'est « The complete landings ». Des morceaux de 35 min, mais aussi 2 min quand la lumière perce la voute nuageuse pour quelques instants.
 
Environ 150 minutes pour décrire ce film formidable d'une nature vierge et vaste, bien plus au nord d'où nous sommes, un chant qui nous appelle, une symphonie terrestre, une cathédrale sonore balayée par le blizzard.
Richard Skelton est très prolifique, au côté de cette montagne sonore est sorti en 2012, un autre album consistant, "Verse of birds".

Richard Skelton 2012 "The complete landings" label : sustain-release




vendredi 21 novembre 2014

Thomas Belhom 2014



Les rendez-vous avec Thomas Belhom sont toujours des moments privilégiés de grandeur artistique. Il suit son chemin de musicien bricoleur exigeant, sa construction acoustique sans frontière. Si Murat est notre Neil Young national, lui est notre Calexico.
C'est un artisan du son, il peaufine ses architectures boisées comme une mosaïque... bois, nacre, terre cuite, glaise et carton... cordes, souffles, peaux tendues, sable.
Il a cousu tout cela pour la cohérence d'un album concept, une intimité intense, reculée et mélancolique.

 
Xavier Plumas vient chanter sur « Souvenirs hantés », Bruno Green est au mastering, on imagine les débuts de Tiersen, mais avec plus de dimensions et de discrétion. « Maritima » vient de sortir, un nouveau rendez-vous familier, sensible et terriblement sensitif.

Thomas Belhom 2014 « Maritima » label : ici d'ailleurs



http://leschroniquesdecharlu.blogspot.fr/2012/09/thomas-belhom.html

mercredi 19 novembre 2014

Macy Gray 2014



J’ai fondu sur Kelis, aucune raison pour que je ne craque pas sur le nouvel opus de Macy Gray. A peu près la même chose à dire, haute qualité de compositions, de son, et un album ouvert à tout, sans barrière, un certain talent au service du R’n’B ou qu'on appelle aussi le néo-soul. « The way » est une bombinette qui fait imploser l’organisme à retardement. On écoute, on adhère, et interpelé on y revient comme une perversité remuante qui nous lâche plus.

Une fois de plus, je me suis laissé amadoué par mon tuyauteur de new R’n’B qui envoie.. merci Echiré. Il est pas impossible que j’aille fouiller parmi ses huits albums précédents.

Macy Gray 2014 « The way » label : Happy Mel Boopy Touring Co

mardi 18 novembre 2014

Alan Hull / Ernie Graham




Dans la corne d'abondance des résurrections, deux auteurs des îles britanniques injectent un blues de songwriter folk à la limite du rock troubadour. Cette décennie là, la corne est pleine, une pléthore de pépites à ressortir auprès de Paul Parrish, Bob Carpenter, Gene Clark, Harry Nilsson...
C'est bourré de poésie, c'est d'époque, aussi, nous sommes avec Alan Hull et Ernie Graham, et ils fument tous les deux.

Alan Hull, c'est un flou temporel noyé par les effets rétros qui vont s'étendre sur plusieurs années encore. C'est grisant d'inconscience rock, celui sur lequel mon affect musicale est posé depuis des lustres.
Il est anglais, né en 1945, et a sorti 8 albums entre 73 et 98, « Squire » en 1975 est un bijou de rock folk se rapprochant de Lennon, Elton John, Al Stewart, ChrisDeBurg, Billy Joel et du CSN. C'est poétique, sec, du ménestrel psychédélique à flute. Indispensable.

Alan Hull 1975 « Squire » label : warner bros

Ernie Graham est irlandais, né en 1946, il a joué avec Hendrix, les Floyd et Soft Machine. Sa discographie est dispersée, avec comme nom de groupe Eire Apparent ou Clancy. Son unique album solo sorti en 1971 est éponyme. C'est un autre troubadour d'époque, il transmets la fièvre d'arpenter les sentes champêtres à dévaler sur des paysages de blues rural. C'est aussi un poète avec des ondes Fleetwood Mac début 70's, ou Clapton quand il habitait au 461 Bd Ocean. Il y a même une virée celtique avec violon, le superbe « Belfast », entre le CSN à nouveau et les Pogues. Ernie est plus chlorophyllien, plus proche de l'air, tout en gardant un œil sur la country de son littoral.

Ernie Graham 1971 « Ernie Graham » label : liberty






dimanche 16 novembre 2014

Johnny Hallyday 65



Et voilà, le Jojo des voisins potos, le canut et le Jimmy, m'a donné l'envie de m'attarder un moment sur un des disques de Hallyday que j'aime écouter. Il y en a quelques uns, tous regroupés sur une certaine période, dont cet opus là en est le début. Certes, les précédents sont très bons, mais j'aime l'idée qu'il va plonger, se salir, s'enfoncer dans une décennie d'énergie trash et acide, dans l'autodestruction.


1965, Johnny revient de l'armée. Les quelques mois d'absence sur le devant de la scène ont mis le doute dans les esprits, les critiques, les médias. Comme si sa carrière s'était éteinte avec le kaki. L'entreprise Hallyday se dit effondrée, qu'une pléthore d'artistes s'est engouffrée dans cette place chaude d'un yéyé prometteur, Aline..Capri.. des mains sur des hanches.... . C'est une époque où les artistes défilent, passent, ne perdurent pas forcément, lui serait un comme tant d'autre ?

 

« Johnny chante Hallyday » sort en novembre et tout est très bon dans ce disque et surtout tout est composé par lui, pensé et cogité à la caserne. Personnellement, je ne connais pas d'autres écritures aussi belles de sa part. Fini les yéyé légers, le disque sort sous trois formats différents, pochettes cartons, feutres avec un cover doré au rideau de velours pétrole. C'est l'entrée dans le fétichisme discographique du vinyle à édition limitée pour Johnny, la beauté de l'objet en plus, luxueux. A tel point que 2 ans après sa sortie, cet album sera introuvable. Il est d'ailleurs encore considéré comme secondaire dans sa discographie et les originaux très recherchés.
Côté chansons, c'est une transition, une période charnière, le début d'un autre chose. C'est un disque presque concept, le début du sombre, du grave, du gouffre à frôler, même si l'ensemble reste assez gai. Il apparaît en survivant qui revient, plusieurs fois il se mettra dans cette situation là. Un album maudit donc. Lui qui était solaire avant les armes, il revêt ici l'uniforme des losers, des mecs qui partent en vrille et se beurrent la gueule.. « Toi qui t'en vas », « Le diable me pardonne », et « Je bois à sa santé » avec une des fidèles plûmes de Johnny, Gilles Thibaut. C'est une nouvelle tendance pour le rocker, l'apparition d'une certaine « incommunicabilité », une hostilité bagarreuse.


 
Il y a de la soul dans son rock ('n'Roll), du blues aussi, le tout bavant sur la chanson française. C'est peut être aussi, un des ses albums le plus intimes. La foule des début 60's n'est pas au rendez-vous, les fans oui, Johnny est sur la ligne de départ pour une épopée autodestructrice de sa carrière, qui va s'étendre sur 10 ans, en passant par « Génération perdue ».
« Ne joue pas ce jeu là » très bonne chanson rock à l'orchestre cuivré sur laquelle Johnny montre les dents... tout comme « Tu oublieras mon nom ».... Absolument rien à jeter dans cet album fondamental, un parmi mes favoris.

La coïncidence fait que demain sort son 49ème album. Je reste en 1965 et ses alentours.


Johnny Hallyday 1965 « Johnny chante Hallyday » label : mercury
 

vendredi 14 novembre 2014

Damien Rice 2014



 
On sort du bois, attiré par la lumière artificielle d’entre les troncs et l’on débouche sur des faitières, des artères et des réverbères. C'est une pop moderne mélancolique d’automne d'où sourdent alors des albédos d’avenues interminables.


 

La forêt n’est jamais bien loin et Damien Rice a eu des nuits plus folk..quoique. Son nouvel opus est une petite merveille qui colle au jour qui tombe beaucoup trop tôt.

Cette ville est belle avec tous ces corps qui déambulent dévitalisés, avec la forêt pas loin, juste derrière, pour s’adosser sur le noir épais.

« It takes a lot to know a man » est une morceau épique à cordes, sombre, des violons dans la pop, une ville à faire chialer, tanguer et tourner sans espoir. Un orchestre ça change tout, c’est une dimension supérieure, des avenues qui s’allongent, la lumière qui éclabousse en pleine nuit, avec la forêt pas loin.

« My favorite faded fantasy » est une pop symphonique luxuriante proche de Patrick Watson ou Jonathan Wilson, avec un esprit folk en plus, à la lisière d'une synergie artistique.




Damien Rice 2014 « My favorite faded fantasy » label : 14th floor / Atlantic

mercredi 12 novembre 2014

Sylvie Simmons



 
Le gris sylvestre s'est rougit de fougères bronzes et la brume s'est dorée. Elle est anglaise aussi, mais de racine seulement, sa vie est outre-Atlantique, journaliste musicale. A force d'avoir côtoyer Neil Young, Léonard Cohen pour en avoir écrit la biographie, Sylvie Simmons a dû être contaminée par l'onde folk..prendre un peu de radiation solaire. Le dernier interview de Johnny Cash six mois avant sa disparition, c'était elle.

C'est hors du temps, très beau, elle sort un album boisé avec Howe Gelb à la gérance.
Vashti Buyman, Linda Perhacs, Karen Dalton.. je dépose Sylvie Simmons à leurs côtés.
Le folk se joue au ukulélé avec une voix qui rappelle Marianne Faithfull jeune.
C'est une belle nouveauté de chez Light in the attic, le grand pourfendeur des résurrections, qui s'attelle à cette nouveauté folk.


Sylvie Simmons 2014 « Sylvie » label : light in the attic





lundi 10 novembre 2014

Jon Allen



Le folk épure revient comme une crue dodue au gros débit doux, un ruisseau puissant qui charrie le limon des collines et irrigue la forêt la plus épaisse.
La recette est idéale, mélodies, voix, accords avec des arrangements pop. Et on peut inverser pop et folk. C'est très simple, efficace, beau comme ce ruisseau de n'importe quel continent, qui coule et dévale les vallées country. Impossible de savoir si nous sommes à l'orée du jour, ou à sa chute.
Et puis la soul surgit comme un rayon solaire qui pénètre la brume végétale (« Get what's mind »).

 
Je pense à Gene Clark, Eagles, Van Morrisson, aux balades de Bob Seger, Xavier Rudd, Terry Calier même.. et pourtant, Jon Allen est anglais, et la rivière qui glisse dans la forêt est britannique. De la pop, country, folk, soul.. un disque parfait.
 

Laissez vous aller, je vous promets que ce disque est une bouffé d'air, claire et limpide.
A l'écoute de « Falling back », je suis capable de partir quelques nuits à humer les parfums d'escampettes, même si elles ne durent que quelques minutes. J'ai ce qu'il faut en bas de chez moi, la forêt détrempée, la casque, de ballade en balade et « Deep river » de Jon Allen.

Jon Allen « Deep river » label : monologue records




dimanche 9 novembre 2014

Laetitia Sadier



L'écoute du troisième album de Laetitia Sadier me renvoie vers les mondes pop de Broadcast, Pram, Holden, Movietone avec des ondes désuètes de Bertrand Burgalat et le timbre de Jeanne Balibar, puis logiquement vers Stereolab son ancien groupe.

 
Avec cette écriture, ce son, ces idées talentueuses, cette assurance d'un grand disque de qualité, il ne faudrait pas qu'elle reste dans l'ombre et les remugles de son CV artistique. Son identité s'impose, sa carrière solo est affirmée. « Something shine » est un album pertinent, juste, exactement au bon endroit d'une crique sans soleil, d'une mer sans horizon, d'un visage flou avec cette musique extraordinaire de pop vintage, jazzy, du 70's soft et tendrement psychédélique, presque une rêverie. Synthé retro, dissonances, basse Gainsbourg, couleur d'automne pastel, ondulations, « Something shines » est une belle évasion grisâtre, une flânerie musicale attachante.
« Then i will love you again » un sommet.


Laetitia Sadier 2014 « Something shines » label : drag city



jeudi 6 novembre 2014

Papa M



Ma petite route de campagne se néglige, je roule sur des houppes d'herbes sauvages en plein bitume abîmé, des bosses et des nids, c'est mon trajet édénique du jour qui décline.

Juste à gauche de ma tempe, la lune basse répand sa lueur d'ocre mou sur les miroirs meubles des fossés goulus. C'est un endroit sans réverbère ni luminaire, c'est en plein milieu d'une terre grasse gorgée de pluie, de reflets d'automne, des restes de maïs, des flaques, des ravines aux allures de vieux folk.
L'eden du soir c'est cette lune crayeuse léchant l'horizon, bavant sur le capillaire départemental, le trajet s'allonge, Papa M s'est coiffé du bonnet Bonnie Prince, c'est un grand disque de blues plombé, de balades sombres et acoustiques, c'est une virée dans ma campagne sans fioriture.


Puisque nous sommes à observer Neil d'en bas, Papa M de Slint et de Tortoise, a gratté la lune sous les cieux d'un folk ensorcelé, venimeux, toxique, terriblement génétique...un folk lunaire il y a quelques années, perdu sur le pétrole étalé et granuleux des lacets de plaines, aux entrailles desquels viennent perdurer des mèches d'herbes sauvages.

« Whatever mortal » est un disque perdu, comme une pleine lune qu'on ne regarde pas. Cet opus est dans mon crane depuis sa sortie 2001.. Will Oldham et Tara Jane O'Neil sont invités. David Pajo est le cerveau. Ma plaine resplendit de cette pastille blanche, et la bande son de cet itinéraire c'est « Whatever Mortal » de Papa M.
« Over Jordan » et « The unquiet grave » sont des pépites folk paradisiaques à se perdre sur les sentes goudronné d'une campagne perdue.

Papa M 2001 'Whatever mortal » label : domino



mercredi 5 novembre 2014

Neil Young 2014



 
Malgré les paroles affligeantes, j'aime énormément « A man needs a maid » sur « Harvest ». Du coup, ce petit miracle est un pur bonheur. Neil Young avec un orchestre, comme la récente virée symphonique de Peter Gabriel, et on touche au sublime, une beauté absolue, aussi bien orchestrée que pour les versions solo, parce qu'en plus, l'émotion des chansons est à tomber.
Neil Young est en roue libre, bavard, s'essaye à tout et atteint un nouveau sommet.

 
Je vogue en pleine symphonie, à la dérive tout en sachant où je vais, et comme pour JL Murat, je ne suis pas plus étonné que ça, qu'un monument nous tombe dessus cette année, increvables et inégalables. C'est du domaine du biologique, des saisons, j'aime cette idée du cyclique inéluctable, des équinoxes discographiques, un album par an avec du talent. Mais comment au bout de tant d'années, trouver encore et encore des nouvelles compositions, sublimer à nouveau l'écriture, l'impression que tout est fait déjà..et pourtant ce disque là est un miracle. Pas de place pour les réticents, ceux qui ne vont pas aimer Neil Young et son orchestre, il y a un deuxième album avec uniquement lui qui passe du piano à la gratte, seul, une autre lumière, la même beauté.

Il va falloir trouver des mots pour cet opus fleuve, ancestralement séminale.
Murat / Young..de quoi passer l'hiver au chaud.


Neil Young 2014 « Storytone » label : reprise



Dev, tu voulais des chansons avec symphonie, Neil l'a fait, un plein album, rien à jeter, tout à prendre.

lundi 3 novembre 2014

Wings 1975



Je profite de ce lundi sans soleil pour me répandre un peu sur quelques infos Macca. Et puis il faut bien le dire, le séminaire JSF des cinglés de skeuds me manque. Qui d'autre, et quoi d'autre pour justifier de ma part quelques divulgations sur Paul ?

 
Voilà, nous sommes le 3 novembre 2014 et sortent aujourd'hui, dans la lignée des rééditions de ses albums, et faisant suite à l'hémorragie de résurrections depuis la Box Beatles 2009, « Wings at the speed of sound » et « Venus and Mars » dont j'ai déjà parlé ici.


Les média d'alors avaient reproché à Paul une certaine dictature au sein des Wings. Entre parenthèse, quoi de plus naturel.. Denny Laine & Co, c'est pas Lennon& Harrisson.

Ceci dit, après quelques opus monumentaux et le boulot fait pour la reconversion libre du Beatle, il décide de produire un album de groupe et on retrouve Denny Laine au chant, ainsi que Linda, Jimmy McCullogh et Joe English. Une nouvelle fois, le disque est propulsé aux premières places des charts. Les médias, les mêmes, lui reprochent la dispersion, de ne pas avoir assez maîtrisé l'opus par lui-même. Et pour une fois, je suis d'accord avec la critique. Je n'ai jamais eu d'admiration particulière pour les voix de Joe, Jimmy et Denny. C'est même carrément limite. Et pourtant les chansons sont particulièrement séduisantes et mélodieuses. Qu'à cela ne tienne, cela ne se reproduira plus.

 
Nous sommes alors au mi-temps des 70's, le plus gros est passé pour les Wings, cet album « secondaire » dans la discographie est un magnifique petit objet recroquevillé, avec une certaine couleur attachante. « Secondaire » dans l'ensemble, car à la première place de chacune des faces, il y a deux de ses plus gros hits. Les imparables « Let'em in » et « Silly love songs ». Juste quelques airs à siffler partout, n'importe quand, indélébiles à flâner du matin au soir.

Il ne reste plus beaucoup d'albums à sortir avant que Paul prenne sont définitif envol solo. « Wings at the speed of sound » est une pièce tout à fait charmante, une récréation de haute qualité, facile avec du gros matériel d'écriture, comme d'hab.

Allez les p'tits gars... vous auriez mis quoi comme thème pour la sortie d'un tel album ?

Juste, pour calmer les vannes et les acharnements de mauvaises foi, à propos de la dernière plage de cet album « Warm and beautiful », Elvis Costello aura avoué qu'elle est une des plus belles chansons d'amour jamais composées.
Dans le CD bonus, il y a une version John Bonham de « Beware my love ».. sublime rock travaillé, tendu au bord de la rupture, mais avec le contrôle nécessaire pour en faire un jam diabolique et langoureux.

Wings 1976 « Wings at the speed of sound » label : universal/mpl
 
 

samedi 1 novembre 2014

Scott Walker & Sunn o)))



Sunn o))) est aussi aller farfouiller la terre. Ce Goth lourd vrombissant a creusé le limon pour rencontrer l'histoire, venir percuter Scott Walker.
Les amateurs respectifs vont se hérisser.. ou adorer.. un peu comme si, en surface de la croute terrestre, Lou Reed allait chanter avec Metallica.

 
Faut-il ne pas être fan des deux tètes du monstre pour apprécier cette collaboration ?
Je les écoute régulièrement pour des raisons différentes, la rencontre me fascine, c'est une curiosité rare et improbable, c'est puissant, grave, une véritable sorcellerie musicale.. tiens David Bowie pourrait aussi aller chanter au sein de Swans, ou David Sylvian collaborer avec Boris...
Y a t-il osmose entre les deux mondes, le timbre se marie t-il avec les accords lourds, comme un romantisme métallique, la menace est t-elle embellie par le chant terriblement humain ?

« Brando »..sublime comme un Crimson d'opéra ravagé par un drone métal... chef d'œuvre.

 
C'est un choc de deux générations, de deux mondes artistiques contraires, c'est une curiosité, une expérience à ne pas manquer.

Scott Walker & Sunn o))) 2014 « Soused » label : 4AD


Clogs 2003

  Près du Butin ensablé, la Seine s’emmanche. Du laiteux mou s’engouffre dans l’albâtre. La Manche n‘a que faire de l’océan, ici le bras l&...