mercredi 10 février 2010

L'Ocelle Mare


Le silence est le chef d’orchestre. Chaque instrument acoustique peu bavard vient placer chaque mot nécessaire dans cette discussion musicale millimétrée. Un bricolage minutieux vient enchanter les scénettes théâtrales précisément agencées. Chaque album de L’Ocelle Mare (trois en tout) s’enrichit d’expérimentation sonore et d’ambiances nocturnes à chaque fois plus profondes.
J’ai souvent utilisé le mot « ankylosé » quand il s’agissait de vanter une musique hypnotique et venimeuse. « Engourdi » je crois convient mieux à cet état de bien être suspendu. Une optique délétère épousant à merveille le silence et la sérénité envoûtante.
De Ruminance, le premier label de L’Ocelle Mare, à souterrains-refuges, les disques de Thomas Bonvallet n’ont cessé de gonfler en maturité, mais aussi de s’enfoncer dans une injuste invisibilité : « Engourdissement » n’a pas de distributeur, Thomas fait sa pub et ses envois lui-même. Depuis que son premier groupe s’est arrêté, il collabore au sein de quelques projets musicaux comme False Cognates ; Austin Townsend et Radikal Satan. Il suffit de visionner une improvisation à la guitare pour comprendre à quel point le travail de Thomas Bonvalet est habité, la vision de son art basé sur un jazz décortiqué et syncopé, entre résonance et dissonance.
Aussi touchant que les virées introspectives de Narcophony , aussi profond que les plus beaux paysages de Gastr Del Sol, « Engourdissement » nous emmène dans les hautes sphères blanches des musiques silencieuses, poussée à ses plus belles impressions, aussi joliment qu’une aquarelle complexe et délicate. Son mode d’expression est unique et déstabilisant, une exploration sonore extrêmement riche.
L'Ocelle Mare 2009 "engourdissement" label : souterrains-refuges
quand on aime : narcophony; gastr del sol

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