jeudi 14 mars 2024

Windsor for the Derby 2002


 

Des jours entiers que le ciel nous tombe sur la tète. Je suis imbibé, le cerveau moisi et les articulations en mouillettes. Tempéré !! mes plaines en terre d’Écosse, le désertique après demain.

Ceci dit, après des brouettes d'heures à voir dégringoler des cordes raides, la fin d'après midi se dégage, éclairant du coup les heures les plus belles d'un printemps hypothétique. L'envie de me mettre bien du coup, et de me fondre dans cette pâle lumière féconde, peut-être la nuit sera un autre déluge.

J'ai sous le coude, un album sorti pour l'occasion. Et je pense à mon ami éclairé Le Toine tapi dans ses guet-apens fous et passionnés et qui dégaine son Magic ! à la moindre occase. Cette pop moderne en lecture que moi j'ai lâché depuis qu'ils ont quitté les promontoires.

Sans rien connaître de Dan Matz à l'époque, j'ai embarqué cet album sans réfléchir. Quelques longs temps après, il s'est incrusté. Pas emballé aux premières écoutes donc, je l'ai mis de côté à plusieurs reprises, sans pour autant boycotter son CV artistique. Birtdwathcher, puis son incursion chez Young Gods Records, ses albums solo et le sublime «Carry me over », celui-là j'ai ramé pour l'avoir. J'ai fouillé, biné, pris du recul, tout mangé, j'ai gravité autour de ce lancinant et doux disque que je ressors depuis comme un trésor, une retrouvaille. Il me reste certes la madeleine d'une certaine bouderie, mais la peau burinée des ages accumulés, je le trouve indispensable et fascinant. « The Same » et son injection vénale d'une percée molle ensoleillée entre deux masses de gris intense menaçant.

Du flou dans mes idées alors que dehors la myopie semble se dissiper. La brume se lève, la pochette familière respire.

Pas de refrain, une peinture, « Now I know the sea ».. « Emotional Rescue » pierreux pour les moteurs de recherche et un rythme qui s'accélère. Et que dire de « Fall of 68 »...

Des ondes asiatiques que je m'explique pas, des boucles, 2002..la grande époque de plein de choses, revival ou pas. J'avais du Low, Notwist et Arab Strap en découverte plein la tète. Celui-là je me le suis laissé de côté pour mieux l’apprécier plus tard, ou plutôt le chérir enfin, maintenant.


La pluie a cessé, j'écoute un vieux Windsor en feuilletant le numéro 62 du Magic ! de juin 2002. Focus sur Piano Magic, Faultline, Sonic Youth ou Avril.. le disque du mois : « The Emotional Rescue LP »


Windsor for the Derby 2002 « The Emotional Rescue LP» sur Aesthetics

jeudi 7 mars 2024

Yann Tiersen 1999

 


Des flots de café au lait ont envahi tous les cours d'eau. Les sous-bois sans-soif prennent leur part. Plus haut, là où ça capte, la horde d’hypnotisés rêvent d'un autre monde, les crétins digitaux déambulent dans le tintamarre.

Sur le cobalt, de grosses meringues flottent au dessus des arbres sans feuilles. L'horizon s'assombrit.

Clapotis laiteux, mes pas dans la terre grasse, ici tout est calme.


Sublime petit album rempli de monde.


Yann Tiersen 1999 « (Tout est calme) » sur Label


dimanche 3 mars 2024

Melanie De Biasio - 2023

 


Au fil des couleurs, une obsession, une en conducteur.

Ça a commencé avec la maison de Bill, crépi fraise avec une idée de chair à vif cuite par le soleil. L’inconscient tapé de teinte, une idée comme ça surgit, c'est pas la première fois ce déclic. Et tout s’enchaîne. L'intérieur pochette de Marion Rampal était rouge lumière nuancé, l'inconscient faisait son chemin. My Bloddy Valenine, mes tubes de couleurs, j'ai dû en rêver.

Au détour des berges du canal Louis XIV juste en bas de chez moi j'ai vu avec intensité des cognassiers du Japon, rives empourprées. Rien pour arranger mon obsession du moment. Rétine impactée.


Juste avant d'entamer ce week-end de printemps biologique, j'ai embarqué sans réfléchir le dernier opus de Mélanie De Biassio. Je la connais, « No Deal » et « Lilies », ses ensorcellements. Souvent passé devant cet opus pourtant, et ce geste précis sans réfléchir, je le prends sans regarder, cette pochette bourguignonne.

L'émotion fut la même. Ce rouge laiteux enferme la lumière, la retient, la dévoile en pâle nuage comme un souffle de lèvres fiévreuses.

Mélanie ? Elle dépose à travers ce double album improbable, le chemin migratoire et ses origines, de l'Italie ses racines vers la Belgique son identité civile. C'est troublant, introspectif, expérimental, une épopée que l'on suit, l'histoire des siens susurrée. C'est un paysage sonore planant avec sa sensualité, son émotion. Des clichés murmurés, des étendues à peine chantées, « Il Viaggio » embarque, tout sauf commercial, on pourrait lire son histoire, l'écouter et se laisser happer. Enivrant comme un post-rock de bruyère, une belle Hellébore de chair pourpre Mazzy Star .

C'est un beau voyage.




Melanie De Biasio 2023 « Il Viaggio »

jeudi 29 février 2024

Marion Rampal 2024


 

Elle tombera amoureuse de moi un jour, c'est pas possible autrement. Ou alors l'amour gerbé sert à que dalle.

Je le sais, c'est chanté, quitte à qu'on me l'avoue sur mon lit de mort, l'aveu pour mettre un terme à ses douteuses respirations. Les chœurs au fond, le chant à s'y perdre, toutes ces mélodies qui planent, les douces notes de piano comme des baisers discrets en rafales de petits oiseaux volages... c'est de la petite bière peut-être ?

Je n'ai pas couvert ma toile de lin avec du orange vif et du rouge lumière pour rien quand même. Le Prunus lui aussi s'est fardé du même rouge juste par delà de notre chambranle.

Cette touche de cramoisie n'a rien à voir avec mes doutes, c'est juste ma mélancolie empierrée, celle que tu connais pourtant. Tu peignais tes ongles ainsi, tes paupières pas loin, moi j'étais cramoisi. Tu le sais pourtant, que je ne suis pas My Bloody Valentine plus que ça, c'est une coïncidence. Le Shoegaze me fout dans le gaze, moi je voulais juste peindre le bout de tes mains. Te dire que je te longe malgré toi, mais tu ne vois rien.


Personne ne capte que dalle, c'est pas faute de hurler à la mort, d'où elle sort la Marion qui me trouble les artères depuis quelques jours ? Ça tangue au bord, je veux bien danser tous les dimanches, un de ces dimanche de tendre jazz folk chanté avec des mots d'ici, des canards, des zoiseaux, des constellations.. « Tangobor » me tue.

Je rumine tout bas plein de petites choses, entre les taies j'ai mêlé en boule nos pyjamas si jamais on se faisait cambrioler, il y aura flagrant des lits. Il y aura des traces absolument partout, comme cette musique que je badigeonne dans l'air. 


J'écoute en boucle Marion et je peins comme on change de vie, de palette. Matthis Pascaud à la guitare dans la plus lumineuse des délicatesse, aux manettes aussi. C'est une recette merveilleuse.

Je regarde son parcours, je visite, j'écoute avec intensité et insistance, peut-être vais-je rendre jaloux. Il y a quelques joyaux qui sortent en ce moment, je le garde près de moi adossé à la Cabane brûlée. Les rivières souterraines pour ne rien arranger. 

 



Marion Rampal 2024 « Oizel » sur Les Rivières Souterraines.

vendredi 16 février 2024

Nick Wheeldon 2024


 

Nick à pleurer, et tout commence dans un chant de douleur.

Le premier pas dans ce jour nouveau à peine allumé est tout chargé de pas grand chose. Il fallait bien cette grâce sidérante au bord du désespoir pour en mettre un de plus. Comment c'est possible de telles sublimes aurores, de douces ténèbres à peine essuyées soutenant les lourdes premières gorgées d'air. Moi qui voulais jouer les traînes-savates, c'est gagné, je vais rester ainsi à danser sans toucher le sol, éviter les tuiles essentielles.

Chaque chanson est une nouvelle louchée de larmes, « Waiting for the Piano to Fall » me tient par les baloches. Aucune trêve, jusqu'au bout ce disque me fige et « Gift » sonne encore dans mon crane.

Hymne des matins miraculeux, le fantastique dehors des paysages qui se dévoilent, je vous assure qu'il est possible de ne faire qu'écouter et contempler. Emballement des émotions, trémolo dans la voix, mélodies lacrymales, je vois des douleurs, des blessures et milles rayons de soleil. Le pou effiloché, prisonnier des routines je dévore la fragilité.


Les nacres ont disparus, quelques ombres font de timides apparitions, seul un merle semble jouer avec. J'entends un nuage de passereaux sans les voir, à quelques pâté de fossés d'ici la nuée cherche un lopin de champs pour affronter le vent toujours pas levé. Deux nuages rosis sortent de la brume, va pas faire un temps radieux aujourd'hui. Peut-être que le ciel aussi écoute cette musique qui enchante mon matin.


Nick Wheeldon 2024 « Waiting for the Piano to Fall » sur Modular ecords

mardi 13 février 2024

Bill Rider-Jones 2024


 

Sûrement l’histoire d'une pochette. L’œil s'est posé et tout s'est enchaîné. Un moment précis, en biais sur cette rue pavée, juste en face de ces murs chaleureux.

Je connais la chorale, Bill aussi, ici, du Sparklehorse dans ses veines, du moelleux de Granddady, des frères Nourrallah, un maquillage Elliott Smith... et cette petite fumée blanche pour montrer au soleil d'hiver que les murs luttent.

C'est un moment de plénitude cette balade dans ce village perdu vanille fraise aux ombres épaisses. Je vais faire le même tour en sens inverse, remettre l'album. L'oblique aura changé, les pavés vont suer la journée et il faudra rentrer avant que le vent mauvais nous grignote le naseau.

La trouée cobalt a ravivé les façades, et le chambranle ciel accueille.

Demain, ce sera pareil une nouvelle fois, comme d'habitude. Je repasserai comme tous les soirs par cette rue pavée avec en face les mitoyennes vanille fraise avant de redescendre vers la maison cachée de "Christinha" que j'aime retrouver quand elle le veut bien, quand elle m'invite pour prendre un café chaud et parler de rien à perte de vue. Elle a le visage anglais, on a dû valser sur « How beautiful I am », pas sûr. Déjà pas mal d'albums solo, toujours aussi envoûtants.Cette fois-ci, je reste de longs moments devant la pochette.


Bill Ryder-Jones 2024 « Iechyd Da » sur Domino

dimanche 11 février 2024

Felicia Atkinson 2019

 


Des axes, juste un point de fuite, la tronche qui batifole, une belle idée de mettre le quotidien en son.

Les cycles infinis et le rouge au flan des cimes empourpre la joue des montagnes. Tout tourne, demain soir l'accord aura pris du carmin sur la corde, une onde de cramoisie en plus, et toujours les reliefs se fardent.

La voûte cosmique de mon plafond bave de résonance, la réverbération sur tous les matériaux, cellules et minéraux me renvoie des voix fantomatiques, des soupirs agrippés à l’ellipse. Je tourne en rond, le son me balade, je suis avalé et j'écoute sans bouger.


Je me souviens du « Point de côté » de Dominique Petitgand, des bouts de phrases chapardées sur une marée de silence. Félicia aussi. Prononcer, psalmodier, murmurer à peine, juste histoire de guider le son, les effets et les nappes de notes lymphatiques comme des plaquettes tectoniques. L’œuvre de Félicia Atkinson est un monde parallèle, strictement réservé à l'écoute qu'on peut lui offrir à un instant précis. Abstraction du corps, lucidité des battements, contrôle des respirations, la veine en lombric et l'artère palpite.


C'est une amie qui s'invite dans vos rêves les plus endolories. Une ambiance, une couleur, « Un ovale vert » « L'après-midi », fermement ce coucher de soleil sur quelques chose qui perce l'horizon.

Les roches chantent, je me souviens aussi de la « Musique pour Statues et Menhirs » d'Arbouse Recordings en 2009. Les ciels aussi causent, les horizons bavassent, le jour qui tombe chuchote. Stephen O'Malley est venu avec Félicia parler « Des pierres ». Tous ces conteurs par le son.


Pax vient de se fendre d'un billet fantastique sur l'artiste. Elle est de par chez nous, plongeons, immisçons-nous dans l'univers de Félicia Atkinson. « The flower and the vessel » tourne en rond sans cesse dans mon acôlve et sur ces mots.


Felicia Atkinson 2019 « The flower and the vessel »

Windsor for the Derby 2002

  Des jours entiers que le ciel nous tombe sur la tète. Je suis imbibé, le cerveau moisi et les articulations en mouillettes. Tempéré !! me...